Fouzia Zarouri est né en 1957 en Algérie. Pendant la guerre d'Algérie, sa famille rejoint un camp de regroupement, proche de Tizi-Ouzou. En 1962, Mohamed et sa sœur Fouzia embarquent sur un bateau qui rallie Alger à Marseille, avant d'arriver au camp de Rivesaltes. Les familles de harkis y sont reléguées, officiellement, à partir du 26 septembre 1962. Ils restent dans le camp pendant 6 à 7 mois. Son père trouve ensuite du travail à Roubaix, où toute la famille s’installe, puis à Villeneuve d’Ascq, où il est embauché dans une usine de textile.

Transcription du témoignage

 

Je me souviens pas de l’arrivée, je me souviens simplement de ce qu’on a vécu, enfin, de certaines choses qu’on a vécues au camp. Non, on était, on était avec des, des gens du même village, que donc, que maman connaissait et puis, bah, elle était donc avec des, des amis, et, et je pense que cela lui a fait du bien de retrouver, de se retrouver entre nous quoi, puis, et là-bas non, mon oncle s’occupait bien de moi. J’avais toujours à manger ce qui fallait, il me ramenait d’ailleurs, il allait quelques fois voler dans les, dans les cantines pour me ramener ce que je voulais.  Mais, non, non, non, j’ai de très bons souvenirs là-bas, puis je me souviens d’une… c’est amusant parce que je me souviens d’une, d’une copine là-bas et, et j’ai toujours du mal à comprendre comment on faisait pour se comprendre parce que elle était française, moi je parlais pas français, elle était derrière un grillage, alors c’est vrai que quand on le raconte, on a l’impression que c’est quelque chose de monstrueux, mais moi je ne l’ai pas vécu comme ça, j’avais une copine, que j’allais rejoindre tous les jours, donc derrière, je faisais la traversée du camp et voilà. Et j’allais la rejoindre et on jouait à la poupée, enfin, on jouait entre nous, mais avec ce grillage entre nous. Ce grillage physique, mais pas entre nous, entre nous il existait pas ce grillage, on jouait, alors, comment on s’est compris j’en sais rien ? Fabienne elle s’appelait et, et de temps en temps, il y avait la maman qui venait la chercher pour la ramener et puis c’est tout. Voilà, donc pas d’animosités ni de la part de cette gamine qui avait mon âge, ni de la part de la famille, voilà qui était, et puis ma mère ne m’a jamais dit ne va pas jouer avec elle où, non. Je me souviens plus des jeux avec Fabienne qu’avec des copines du camp.