Au pied des Corbières, un paysage de désolation, plat, venté, accablé par le soleil ou par le froid. Un archipel en effet. Le Camp de Rivesaltes n'est pas éloigné des plages où furent autrefois parqués dans des conditions lamentables les Républicains espagnols après la chute de Madrid. Qui dira le parcours, qui dira l'errance puis l'attente de tous ceux, désarmés, démunis, qui ont débarqué un jour dans ce camp ? De 1939 à 1942, les Espagnols d'abord, puis des juifs, des tziganes, des antifascistes, toutes sortes d'indésirables chassés de l'Europe entière par les nazis qui s'empressèrent de les placer sous les ordres du gouvernement de Vichy, lequel les a sur le champ traités en criminels. Vaincus, apatrides, traqués. Hommes, femmes, enfants et vieillards. L'Europe en mouvement... Avec les années soixante et la décolonisation suivront d'autres déracinés : les harkis, supplétifs de l'armée française en Algérie, les officiers et sous-officiers Guinéens engagés dans l'armée française et exclus de ses rangs dès l'accession de leur pays natal à l'indépendance. Aujourd'hui encore, bon an mal an, ce sont plus d'un millier de victimes de la misère que les pays riches font peser sur le " Tiers-Monde " qui échouent au camp de Rivesaltes, faute de papiers en règle... Depuis sept décennies, un record, le camp de Rivesaltes est le réceptacle de l'injustice et de la misère du monde.
METTAY, Joël, L'archipel du mépris. Histoire du camp de Rivesaltes de 1939 à nos jours, Éditions Trabucaire, 2008, 168 p. ISBN 13 : 9782912966513